Le Djoundjou du rond-point Deido : L’œuvre de La Nouvelle Liberté

La statue de La Nouvelle Liberté, est un monument imposant qui trône au rond-point du quartier Deido sis dans le 1er arrondissement de la ville de Douala. Il fascine autant qu’il intrigue. Cette œuvre rend hommage au système de débrouillardise via le recyclage.

L’Art pour l’Art

Plus qu’une simple prouesse artistique, le monument de La Nouvelle Liberté est devenu l’emblème de la capitale économique. Produite par Joseph-Francis SUMEGNE en 1996, La Nouvelle Liberté est une majestueuse sculpture de 12 mètres. Son envergure est de 5 mètres et sa masse totale de 8 tonnes. Celle-ci est constituée de fer de récupération. Après deux ans et six mois de travail, elle a été érigée le 21 juillet 1996 au rond-point le plus fréquenté de Douala.

Il est surnommé par les Camerounais le « Ndjoundjou » c’est-à-dire « le mal aimé ». Cette désignation négative est basée sur les fortes protestations menées, par les médias locaux et les indigènes. La polémique concernait principalement les caractéristiques esthétiques de la sculpture, réalisée à partir d’un ensemble de pièces métalliques de récupération. L’autre polémique est d’ordre ethnique. En effet, l’artiste originaire de la région de l’Ouest Cameroun, est mal perçu par les autochtones. Cela va même conduire à des attaques et du vandalisme de l’œuvre.

 Sur ceux  l’artiste explique « Je vais répondre de manière professionnelle : l’œuvre d’art qui ne suscite pas de réaction est un échec. D’autres disent que c’est le monstre, c’est un fou qui a fait ça, personnellement ça m’a beaucoup réjoui. Aujourd’hui les mêmes disent que c’est une œuvre de génie, ce qui est beau est beau. Je vous ai dit que l’art révèle du divin, le vrai Dieu est neutre ».

Situation géographique

Le rond-point ou La Nouvelle Liberté est considéré comme la porte d’entrée de la ville, carrefour circulatoire le plus important, d’où partent les principaux boulevards de la ville vers le centre (à travers le quartier Akwa), vers les quartiers populaires de l’Est, et hors de Douala par le biais du pont du Wouri et du quartier Bonabéri.

Il faut noter qu’après l’installation et le don de La Nouvelle Liberté à la municipalité de Douala, cette dernière a beaucoup investi sur l’urbanisation du rond-point (l’aménagement des routes, l’installation des lampadaires et l’entretien du jardin.)

Célébrons l’artiste

Joseph Francis SUMEGNE, né à Bamendjou à l’ouest du Cameroun le 39 juillet 1951 est un peintre et sculpteur.  Artiste plasticien depuis 1976 il a été influencé par les gravures et les tatouages qu’il observait sur le corps de sa grande mère et la structure atypique des maisons de l’ouest Cameroun. Il s’initie alors à différent types de pratique artistique (bijouterie, vannerie, tissage…)

Joseph-Francis a exposé dans plusieurs pays dont le Japon pour la triennale d’Osaka en 1998 et aux pays Bas pour la triennale d’Arnhem en 2008.

En 2004, il a participé à la biennale de Dakar dans une exposition individuelle de sélection officielle où il a représenté les 6 notables pour la première fois au public international.  Dans la même lancée il a été invité à créer des œuvres d’extérieur au Gabon, en France, en Allemagne etc… Sa dernière représentation publique a eu lieu en 2014 à Art fair Londres au Royaume-Uni. En 2015, il renoue avec la peinture et sa préoccupation majeure demeure la transmission de savoir- faire à la jeune génération.

Dédicace en prélude à la paix

Sur la question du choix de baptisé sa sculpture la nouvelle liberté, l’homme de l’art répond : « J’ai baptisé ma sculpture de la nouvelle liberté parce que de 1990- 1994, il y’avait un bouillon de questionnement et de tension en cette période. La nouvelle liberté parce que c’est une liberté de penser, de proposer. Une liberté de faire des efforts personnels et d’approcher l’autre avec prudence pas avec violence ».

Archétype de l’art au Cameroun, ses œuvres sont exposés à travers le monde. L’auteur se présente ainsi comme un acteur de PAIX et de la cohésion sociale.

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