Culture

ERNIS : Une véritable passionnée des mots

De jeune étudiante à auteure incontestée, au fil de ces dernières années ERNIS a su marquer les esprits et les consciences de par la captivité qu’elle dégage mais également la sensibilité profonde de ses écrits au caractère moralisateur.

Après la sortie de son tout premier livre l’héritage des autres, plongeons nous dans l’univers d’une jeune artiste camerounaise qui prêche pour une jeunesse plus investie.

Sa rencontre avec les mots

Alors que la jeune Ernis Clémence n’était encore que sur les bancs du secondaires au lycée de Bangang, à l’ouest du Cameroun, elle découvre durant son premier cycle la pièce de Guillaume Oyono Mbia intitulée Trois prétendants, un mari. Une œuvre qui marque l’esprit de la jeune fille part l’engagement littéraire de cet œuvre. Au second cycle, elle tombe sous le charme de la littérature de grande envergure, celle qui se veut réaliste ou alors moralisatrice. Entre Evelyne Mpoudi Ngolle pour Sous la cendre le feu et Madame Bovary de Gustave Flaubert, Ernis flanchera sous la poésie sensible du regretté Père Engelbert Mveng dans Balafon et sous l’impact important que représente la Croix du Sud de Joseph Ngoué. C’est sans surprise qu’au fil des années, Ernis écrira des poèmes pour vider son cœur et parler de ce en quoi elle croit, et qu’elle débutera la rédaction de sa toute première pièce de théâtre qui n’aboutira pas jusqu’à l’édition car trop calquée sur la croix du Sud, de Joseph Ngoué.

De la poésie au Slam

Déjà bien encrée dans la culture littéraire grâce à la poésie, Ernis Clémence cherche le moyen de mieux exprimer ses pensées. Elle écrivait des poèmes et avait déjà tout un recueil. Mais le problème se posait au niveau de la perception de son message. Elle écrivait pour un public jeune, à propos d’un avenir pour les jeunes et souhaitait être lue par des jeunes. Mais la lecture étant reconnu comme l’une des bêtes noires de la jeunesse camerounaise, la jeune poète voit son travail comme « limité dans le canal ». C’est un peu plus tard, en 2017 en particulier, que notre jeune auteure découvrira le slam et ne s’en détachera plus de cet art là. Elle découvre en cette activité le pouvoir des mots par la parole en accord avec la mélodie des instruments de musique. C’est ainsi que par le billet d’un contact, cette dernière découvrira le collectif des salariés du Cameroun. Et d’atelier en atelier est née la poétesse et slameuse ERNIS..

L’héritage des autres : la consécration

A la base, certains ignorent que c’est au moins depuis 2016 qu’Ernis a débuté l’écriture de cette pièce de théâtre. Toutefois, pourquoi intéresse t’elle autant l’opinion ? La réponse est simple. En 122 pages, subdivisées en trois actes comptant respectivement cinq, neuf et sept scènes, l’auteure nous trempe dans des sujets qui aujourd’hui sont d’actualité plus que jamais auparavant. Soulevant ainsi le voile sur les questions de confiscation du pouvoir et des opportunités par la classe dirigeante, de corruption, de féminisme et surtout sur ce qui concerne l’engagement d’une jeunesse à s’activer pour son avenir et celui des futurs arrivants de leur communauté.

ERNIS : L'héritage des autres
ERNIS : L’héritage des autres

Centré autour d’un personnage féminin appelé Nanda, l’intrigue se passe dans un Ngola aux allures de cour royale dirigée par d’avides nobles piétinant de jeunes engagés. Nanda étant une jeune instruite et apte au leadership, elle mettra en place une véritable révolution qui entraînera de nombreux rebondissements tels que : le changement du prince, la remise en question de la paternité de la jeune héroïne, et les interventions du griot. 

L’auteur nous parle du sort ironique qu’est celui de Nanda, de sa jeunesse tortueuse, troublante et mouvementée, de son intelligence et de sa bravoure, de son avenir brumeux, de sa paternité, de sa douleur… 

Ernis marque donc d’un coup de maître l’arrivée de sa toute première fiction qui représente une véritable image de ce qui se passe dans de nombreux pays en voix de développement.

Aujourd’hui, les jeunes comme ERNIS sont rares, ils représentent une poignée d’Africains qui par tous les moyens légitimes possibles aimeraient faire entendre leur voix. ERNIS ne serait elle pas une Nanda qui a su agir par les mots ? On est forcé de dire oui aux vues de la notoriété de plus en plus grandissante de ses œuvres aussi bien littéraires que scéniques.

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