KO-C s’autoproclame Président du Rap Camerounais

KO-C a fait une annonce présidentielle d’un discours qui s’adresserait au peuple, comme on l’a souvent vu à la veille de la fête de la jeunesse et à la fin d’année au Cameroun. Son excellence KO-C allait plutôt publier son nouveau single. Le titre « Président du Rap-publique », aussi évocateur que les paroles et le vidéogramme.

Rien qu’à la lecture du titre, on se pose plusieurs questions. Plusieurs hypothèses sont donc à émettre. Tout d’abord, KO-C pourrait vouloir dire qu’il est le président du « Rap public », si seulement il y en a un. Le rap public pourrait-il ici être considéré comme le rap fait par tous les autres ? Inutile de mentionner les noms des autres rappeurs. Toutefois, il faut comprendre que KO-C s’approprie ici « la couronne » du royaume du rap Camerounais voire étranger, sans commentaire. KO-C qui avait toujours été considéré comme le « fastest rapper » (le rappeur le plus rapide) du Cameroun, prend de l’avance dans ce nouveau single qui parle de lui-même. Et s’il y a un rap public, qu’en est-il du « rap privé » ? Question pour un champion !

Ensuite, KO-C serait-il en train de viser le poste du Nnom ngui d’Etoudi ? Croyons bien que non. Mais si vous avez bien regardé le vidéogramme ou même écouté la chanson, vous le comprendrez. KO-C apparaît bien sur une estrade, à un pupitre, comme pour faire un discours (comme à la Maison Blanche), devant une foule d’hommes et femmes de médias. Il est même en tenue d’apparat ou presque. Quoiqu’il en soit, le message de Son Excellence KO-C vise une population essentiellement musicale, une population du show-business, une population de la culture en général. D’aucuns seraient tentés de se demander s’il y a eu des élections au préalable, mais il n’en est rien. Le coup d’État de KO-C s’est fait depuis belle lurette, et apparemment son « règne » dure depuis longtemps. Alors, que les contestataires fassent un boycott, car le mandat est indéterminé.

Un discours présidentiel par ordre alphabétique

De A à Z, Son Excellence KO-C décortique tares sociales et notions existentielles importantes. Il est question pour le Président du Rap-Publique de trouver une série de mots commençant par chaque lettre, et le moins qu’on puisse dire est qu’il en a dans sa panse. Ceux qui ont besoin d’améliorer leur vocabulaire pourraient prendre des notes, utiles pour des rédactions et des speeches. Même si vraiment il n’y a pas de sens contextuel et sémantique aux différentes phrases, l’essentiel est de s’en tenir aux mots qui sont prononcés. Mais au niveau de « X », qui se prononce « eks », le Président du Rap-Publique dit plusieurs mots à l’instar de « excommunicate » (excommunier) qui ne s’écrit pourtant pas avec « X » mais avec « E ». Etait-ce un manque de mots débutant avec « X ». En Anglais, il y a par exemple « xylophone », « xerox », pour ne citer que ceux-ci. Son Excellence permet-il ce petit et humble ajout ?

Une fleur ou un appel au Président de la République ?

KO-C consacre les 45 dernières secondes de son titre à l’imitation de la voix du Président de la République du Cameroun, même s’il faut reconnaitre qu’elle est approximative. Dans cette intervention, le Président de la République (le vrai), invite ses « chers compatriotes » à suivre de près l’artiste musicien KO-C. Il en profite aussi pour le  féliciter pour son travail si durement abattu, et pour son influence sur la jeunesse camerounaise à travers les sujets abordés dans ses différents singles (le travail acharné, le problème d’infidélité, la reconnaissance de la puissance divine, entre autres). En d’autres termes, c’est un discours qui a pour objectif de mettre en lumière le rappeur, et peut-être d’affirmer son titre de « Président du Rap-Publique ». On pourrait se demander si KO-C fait une fleur au Président où s’il en appelle à son  intervention dans l’art musical. On le sait, une loi  au sujet des associations artistiques et culturelles récemment adoptée au parlement et ratifiée par le Président de la République, fait polémique au sein des artistes. En plus, les artistes musiciens ont de nombreux problèmes comme celui des droits d’auteurs, et même celui de la survie. Ce ne serait pas mal si KO-C attirait l’attention du PR dans  ce sens. Des indiscrétions  penseraient aussi que c’est de l’atalaku, mais on va se passer de cette opinion.

Vidéogramme et beats dignes d’un Président

Le vidéogramme, un vrai délice, porte la signature de Serial Shooter, et la musique porte celle de Tony EF beats. A l’heure où cet article est écrit, le titre enregistre déjà plus de 50 mille vues sur YouTube, avec des commentaires variés, mais en général dirigés vers la consolidation de l’idée selon laquelle KO-C est vraiment le Président du Rap-Publique.

Longue vie, son Excellence KO-C.