Les Lions, plus indomptables que jamais
Une fois n’est pas coutume : les Lions ont déjoué tous les pronostics en allant s’imposer à l’extérieur, décrochant de facto leur qualification pour la coupe du monde 2022 au Qatar. Après un match aller mal embarqué, les quintuples champions d’Afrique ont réalisé une « Liomontada » à Blida alors que l’étau se resserrait dans les ultimes secondes de la prolongation. Au caractère, la victoire camerounaise a été acquise magistralement dans un suspense à couper le souffle. Les fauves ont encore montré à la face du monde leur esprit de combativité extraordinaire. Petite chronique épique d’une destinée héroïque.
Indomptables, increvables, imbattables. Après la qualification des Lions, au forceps, dans l’enfer de Blida, pour la coupe du monde Qatar 2022, les superlatifs pour décrire leur prestation s’enchaînent à foison. À raison. Avec stupéfaction et exultation. Eliminés à quelques secondes du temps additionnel de la seconde mi-temps des prolongations, les Lions ont rugi et dompté la défaite. Avec les crocs acérés et les griffes tranchantes, ils ont mordu les fennecs dans leur antre sacré.
Profitant d’un caviar dans les derniers instants, Toko Ekambi ne s’est pas fait prier pour refroidir l’ardeur de tout un stade, acquis unanimement en faveur de ses fennecs adorés. Les Algériens croyaient avoir fait le plus dur en concrétisant leur domination à quelques minutes du terme. Mal leur en a pris. Car, fort de sa pugnacité et de son intrépidité légendaire, le Cameroun a tenu et y a cru jusqu’au bout. Longtemps ballotés et malmenés, les poulains de Rigobert Song, tel un roseau, ont plié mais n’ont jamais rompu.
Au vu de la physionomie du match aller et du déroulé angoissant du match retour, l’on ne donnait pas cher de la peau des Lions. Malgré le retard sur les deux matches refait, la balance penchait plus à l’avantage des Algériens eu égard à l’enchaînement des occasions dangereuses. Et leur but marqué en fin de partie semblait éjecter définitivement les Lions de la route menant au Qatar. Mais, comme toujours, dit l’aphorisme, il ne faut pas vendre la peau de l’ours, ou du lion dans ce cas, avant de l’avoir tué. Blessé dans son orgueil, celui-ci a réagi. Et de quelle manière ! Fatalement. Avec vice et malice. Incroyable, impensable, inimaginable. Les Lions l’ont fait. Sans gêne. Sans résignation. Avec force et conviction.
Song, le coach philosophe
Avant ce match décisif, le coach camerounais lançait cette phrase en guise de prémonition : « Quand tu sais que tu es en danger, tu n’es plus en danger. C’est quand tu ne sais pas que tu es en danger, c’est là où tu es en danger. »Hilarants, stupides, sages, ces propos de Song ont suscité diverses réactions. Fort est de constater qu’après la victoire des Lions, ces mots préservent toute leur importance. Et après coup, ils sont révélateurs de la réalité de cette opposition dantesque. En « danger » au début du match, puisque menés à l’aller, les Lions se sont sentis pousser des ailes. Connaissant le sort qui leur serait réservé en cas de non-réaction, ceux-ci ont agi en conséquence pour sortir de la zone rouge. Résultat des courses, Choupo Moting ouvrait le score et le Cameroun revenait à égalité sur l’ensemble des deux rencontres.
A cet instant précis, les Camerounais étaient quasi hors de danger pour paraphraser le manageur sélectionneur. Mais ils ont continué le combat. Paradoxalement, lorsque les fennecs marquaient le but égalisateur, ceux-ci croyaient être sortis du danger et n’éprouvaient plus la crainte de se voir éliminés. Erreur monumentale. La suite aura donné raison au désormais philosophe Rigobert Song. Le but victorieux est arrivé au moment où les Algériens s’attendaient le moins. Le danger était bien présent mais il a été ignoré. Les Lions, sous l’impulsion de leur coach-philosophe, ont réalisé l’improbable dans une situation a priori en leur défaveur.
Le hemle, ou l’esprit de combativité camerounaise
Les Lions indomptables sont une équipe in fine redoutable par son état d’esprit irréprochable. Bien que parfois limités techniquement, sans véritable fond de jeu, ces derniers usent souvent de la ruse et du cœur pour parvenir à ses fins. Le hemle, soit le caractère combatif et courageux, est toujours chevillé au corps des Lions au fil des générations. Plus d’une fois dans leur histoire, les Camerounais ont surmonté des obstacles, renversant les scénarios qui leur prédestinaient au malheur. L’Algérie vient d’en payer les frais. Et le Burkina Faso l’a encore mauvaise. Durant le match de la troisième place à la dernière CAN, bien qu’ayant une avance confortable de trois buts à vingt minutes du terme, les Étalons sont tombés de leur piédestal. Retournés comme une crêpe par de vaillants camerounais gonflés à bloc, les Burkinabés se sont finalement inclinés aux tirs au but. Les Lions ont encore démontré ce jour-là, si besoin il y en avait, qu’ « impossible n’est pas Camerounais ».
Face au précipice, les Lions rugissent
Avec cette victoire contre l’Algérie, le Cameroun ne déroge donc pas à ses habitudes. Jamais flamboyant mais toujours aussi tonitruant au décompte final. Sans être une foudre de guerre, cette équipe camerounaise vient tout de même d’éliminer, sur son chemin vers le Qatar, l’Algérie et la Côte d’Ivoire, soient deux mastodontes du continent africain. Dos au mur au match retour face aux deux formations, les Lions ont su réagir à chaque fois que la pression était forte. À Japoma, une victoire contre les Éléphants était indispensable pour passer au second tour. Les Lions l’ont obtenue. À Blida, ll fallait refaire le retard du match aller et marquer davantage que l’adversaire. Équation réussie au bout du bout.
La coupe du monde Qatar 2022 approchant à grand pas, les Lions indomptables devront faire quelques réglages pour devenir encore plus insubmersibles qu’ils ne le sont. Une participation plus qu’honorable est attendue durant cette compétition. Pour enfin arriver en demi-finale, soit la performance jamais réalisée par un pays africain ? Gardons-nous de tout pronostic car, comme on l’a vu, impossible n’est pas camerounais.