TENOR : le titre Zéro en punchlines
Deux minutes cinquante quatre secondes ont suffit à Tenor pour clarifier les choses. Avec le titre Zéro, le boss de Ebanflang En Pire n’a pas eu de retenu en ce qui concerne les punchlines. Voici pour vous quelques punchlines expliquées de la dernière sortie de Tenor.
Il chante quand il veut et il rap également quand il veut. Ça faisait longtemps qu’on avait pas vue cette forme de Tenor. Un kickeur avec des textes métaphoriques et une prod très vibrante. Il a tenu à le faire, à marquer ce coup pour remettre les pendules à l’heure. Loin de l’egotrip propre aux rappeurs l’artiste recentre le débat sur non seulement sa présence dans le « game », mais aussi il interpelle les artistes à mieux rêver et à être fédérateurs.
Zéro en punchlines
Nous avons relevé quelques punchlines qui décrivent suffisamment la pensée de Tenor sur ce nouveau titre.
- « Réaliser ses rêves ce n’est pas avoir un téléphone qui filme bien » : Pour plusieurs artistes camerounais, tout se résumerait à avoir un téléphone hors de prix, avec une bonne résolution de l’appareil photo. Ce type de réflexion est tellement limite que plusieurs font l’effort d’être moins productif et performant. La cause est connue : le manque d’ambition. Et dans cette punchline Tenor confirme que la note de Zéro est méritée par la concurrence.
- « Artistes sans personnalité veulent être à côté des personnalités » : cette punchline contribue à confirmer la pensée précédente. Une fois que le rêve est limité, une fois que certains décident de se conformer à la médiocrité, le résultat devient de moins en moins satisfaisant aux yeux du public et des fans. Par conséquent, ils essaient de nouer des liens avec des personnalités, par espoir de gratter quelques petites miettes de followers et d’être davantage vue. Au final ils sont vues, mais leur art est de moins en moins sollicité.
- « Je veux m’inclure en tant qu’exclusivité, et j’aimerai aussi inclure les exclus » : la pensée est claire, et l’artiste est visionnaire. Jouer de la figuration ne l’intéresse plus. Mais à côté avec quelques petites ambiguïtés on se poserait quelques petites questions. S’inclure en tant qu’exclusivité de quoi ? Son art ? ( Ici traduit par le caractère exclusif de quelque chose), ou alors détenir la place de visionnaire et de rassembleur ? Toujours est-il que sa pensée tournerait autour d’être une valeur sûre et un fédérateur du rap camerounais. Cette punchline illustre aussi son indépendance, une liberté à faire ce qu’il veut, mais surtout à bien le faire. C’est peut-être pour cela que le deal avec DefJam Recordings n’est plus pareil. Et que Ebanflang est désormais beaucoup mis en avant.
- « Au lieu de sucer le state réfléchissons à organiser nos propres Grammy. Au lieu de gonfler nos stats, ils viennent sur Facebook corriger nos fautes de grammaire » : s’il y’a une chose à prendre en compte dans la reconstruction, c’est l’indépendance des influences. C’est très réaliste, on gagnerait mieux à avoir une cérémonie de récompense sur côté propre à nous, qu’à envier les autres. Et cela se fait avec la mobilisation de tout un chacun. Ce qui veut dire donner de la valeurs aux awards locaux. Et ça passe par la communication de sa nomination autour de l’événement quand un artiste est nominé, mais aussi et surtout par sa présence à la soirée de la cérémonie de récompense.
- « Mes couplets c’est trop la machette, combien de rappeurs ont fini en brochettes ? » : cette punchline présente l’aspect egotrip même d’un rappeur à la base, qui se revendique être le meilleur par rapport aux autres. Par rapport à la concurrence, comme ils aiment à le dire.
- « Si je rappe vite ils vont dire que je rappe vite. Si rappe doucement ils vont dire rappe vite » : à la base l’homme est un être insatisfait, qui parfois lui même ne sait pas réellement de quoi il a envie. Donc cette punchline s’adresse directement aux éternels insatisfaits, qui critiquent tout et n’importe quoi. Qui dise une chose et son contraire par la suite.
- « Vos rappeurs sont nés de mama Tenor, je suis un sein qui veut bien les allaiter, on m’a alerté un de mes enfants à encore chié sur lui jusqu’à il à clipé » : encore une fois de plus l’egotrip parle. Il veut juste montrer qu’il tient les rênes du rap camerounais. Et qu’à chaque faux pas il est notifié, comme une maman à qui on informe que son enfant a commis une bêtise.
- « Le son te fais tellement d’effets, on dirait les bordelles avec les sons de Cysoul » : dans cette punch, ce qui choque le plus c’est le mot « bordelle » qui est très réducteur. Mais au fond, en faisant une analyse profonde, vous comprendrez qu’il s’adresse aux filles qui écoutent les sons de Cysoul. Des sons qui chérissent un peu la femme et qui présentent les choses telles dans un monde de bisounours.
Nous avons choisi ces quelques punchlines parmi les multitudes qu’on retrouve dans le nouveau titre de Tenor, pour vous montrer de manière générale la pensée de ce titre. Une pensée qui est très claire, celle de réaffirmer son autorité et sa suprématie dans le rap camerounais.