Sanja et Kaba : histoire d’un style vestimentaire élégant et fort significatif

Leur style vestimentaire les distingue, de petits détails font leur différence et leur histoire les rassemble. Les côtiers, trivialement appelés « peuples de l’eau » sont connus pour leurs Sanja, leurs Kaba et leurs accessoires. Si à l’origine ce style vestimentaire a été pensé pour mieux traverser des rivières, il est resté aujourd’hui ancré dans la culture et la tradition des Sawa. Remontons l’histoire !
Vous vous demandez sûrement à quoi ressemble un fils ou une fille Sawa habillé traditionnellement. Déjà sachez qu’on parle de Sanja chez les hommes et Kaba chez les femmes. Un digne fils Sawa arbore un pagne noir doux au touché appelé Sanja, une chemise blanche nommé shurti, un foulard wangisi attaché parfois autour des reins, couronné d’un chapeau (mboto), qui parfois à une plume rouge présente sur le côté. On n’oubliera pas les silipasi qui sont les sandalettes, et le collier autour du cou. Quant aux femmes, la tenue traditionnelle est le Kaba ou encore le Kaba Ngondo. Elle est accessoirement accompagnée du foulard appelé wangisi.
Une histoire fortement liée à l’eau
A l’origine, les Sawa sont un peuple de l’eau. Et l’histoire raconte que leurs tenues traditionnelles seraient une adaptation, fonction de leur entourage de l’époque. En effet, ils avaient de la difficulté à traverser les rivières pendant leurs activités. Pour avoir une tenue plus pratique ils inventèrent le Kaba et le Sanja qui leurs permettaient de facilement traverser les cours d’eau. En fait, il suffisait juste de soulever et de retirer les sandalettes pour traverser facilement. Surtout quand les cours d’eau étaient au-dessus du genou. Et apparemment le mot Kaba serait originaire de l’expression « cover it all » prononcée par Hélène Saker, la femme de Alfred Saker. Ce sont les locaux qui ont traduit « cover » par Kaba.
Mêmes vêtements, mais pas la même symbolique
Selon qu’on soit de la chefferie ou pas, qu’on se soit démarqué des autres, la manière de se vêtir traditionnellement change à quelques détails près. La plume rouge présente sur le chapeau est un signe honorifique. Pour être plus explicite, c’est comme une médaille d’honneur que le président de la république donne à un citoyen pour sa bravoure. Il en est de même sur le plan traditionnel, c’est le chef du village qui décerne cela à un riverain pour une action très importante effectuée par ce dernier.
Le collier, selon la manière dont il est porté signifie autre chose. S’il est porté avec les dents renfermées sur la poitrine de celui qui le porte, cela signifie que la personne qui le porte est ordinaire. Mais par contre, si les dents du collier sont soulevées, envoyés vers le ciel, cela veut dire que la personne détient des pouvoirs mystiques et il faudrait faire attention. En gros ce n’est que le chef et son entourage qui sont habilités à le faire.
En ce qui concerne le foulard, il s’attache soit autour des reins, soit autour des bras, selon la zone géographique dont on est originaire. Les Bakweri (Sawa du Sud-ouest) pour se distinguer des Sawa de Douala, attachent leur foulard autour des bras, alors que les Sawa de Douala l’attachent autour des reins.
Le Kaba et le Sanja aujourd’hui
Aujourd’hui, si les plus âgés ont conservé la taille, le volume et les couleurs de ces tenues traditionnelles, les plus jeunes eux, tendent à y ajouter une touche de « modernité ». C’est ainsi que le Sanja devient de moins en moins noir, on passe à d’autres couleurs. Le Kaba quant à lui, laisse de plus en plus la place à des min-kabas, qui s’arrêtent juste aux genoux. Si le kaba s’impose à différentes cérémonies, le Sanja tend à être stéréotypé. Toutefois, ces vêtements n’ont pas perdu une seule once de leur élégance et leur authenticité, ils restent le symbole même du peuple Sawa.